Le village de Jallans
En sortant de Châteaudun, sur la route de Pithiviers, on arrive tout de suite à Jallans. Ce village, situé sur le plateau beauceron à une altitude de 136 mètres, remonte à des origines très anciennes mais peu connues. On sait que dès 1045, il s’appelait Jallantium et devint ensuite, suivant les orthographes, Jalemum, JALANS , Jalanz et Jallant en 1429.
Un coin de l’ancien Dunois (extrait du bulletin municipal de Janvier 1993)
(extrait de l’ouvrage réalisé par Louis-Désiré COUDRAYE paru en 1873)
Presque à l’entrée du village et à gauche de la route, l’attention est éveillé par une petite fontaine très connue dans le pays sous le nom de “Fontaine de Jallans”.
Voilà ce que signale l’Abbé BORDAS :
« On vante sous ce nom, un espèce de petit puits qui est dans un caveau et dans le jardin d’un particulier parce qu’il est sujet aux mêmes crues et aux mêmes décroissements que la Conie et qu’on en tire les mêmes pronostics. »
Trois siècles plus tôt, dès 1604, voici comment s’exprime Raoul BOUTRAIS dans son poème de Castrodunum.
Jallans, simple village au milieu de la plaine
Tire son renom de la claire fontaine
Qu’à ses avides champs la nature accorda ;
Mais à son cours secret la main qui présida
Voulut que cette source, utile mais funeste
Annonçât au pays les plus affreux fléaux
Par le débordement de ses perfides eaux,
Qui ne s’enflent jamais qu’en la saison brûlante
Où de l’astre du jour la torche étincelante
Agite tous ses feux dans les airs embrasés,
Et tarit les ruisseaux dans leurs lits épuisés.
En considérant aujourd’hui cette même fontaine, on a peine à comprendre ces accès de lyrisme ; on s’explique encore moins que dans les croyances populaires, elle ait la vertu d’annoncer de fâcheux présages.
Il s’agit d’un caveau creusé dans la pierre lacustre de Beauce dont le sol se trouve environ à 6 mètres de profondeur, et la voûte assez irrégulière ne comporte pas plus de 2 mètres de hauteur ; il mesure 4 mètres de longueur sur 3 de largeur.
Un sentier étroit et rapide, et vingt marches grossières en pierre dure sur une pente assez raide y conduisent.
Le bassin de la fontaine proprement dite s’enfonce dans le rocher qui forme la paroi gauche du caveau, sous une petite voûte à plein cintre, profonde et large d’un mètre sur 2,30 m de hauteur au centre de l’intrados ; son fonds est dallé avec une seule pierre, et la source qui l’alimente surgit à travers les fissures du rocher.
La hauteur moyenne de l’eau est d’environ 1,33 m, quelquefois elle inonde le sol du caveau jusqu’aux premières marches ; mais de mémoire d’homme « elle n’a jamais porté loin de ses bords son onde errante en ses perfides eaux. »
Rien donc dans son aspect ne semble motiver les croyances qui se sont perpétuées à son égard et surtout n’autorise à penser qu’elle ait une communication avec la Conie.
Les mystères qu’elle aurait recelés, à l’origine celtique, et dont la tradition aurait conservé le souvenir à travers les âges, ne seraient-ils pas la cause des erreurs accréditées jusque dans ces derniers temps.
Maintenant cette fontaine est située dans une propriété privée, et les anciens de Jallans se souviennent de l’avoir connue. On y puisait dit-on une eau de grande pureté.
Jallans et ses hameaux (extrait du bulletin municipale de janvier 1997)
La commune de Jallans n’a que trois hameaux. Ce sont d’abord les Bordes et Rochefort.
Disons toutefois que Rochefort, connu dès 1204 sous le nom de Rupisfortis, Rucheffort en 1429 et Rocheffort en 1525, était une ancienne seigneurie (1204). Une maison isolée, appelée les Quatre-Vents, se trouve à l’est de Rochefort.
Et gagnons le hameau des Jumeaux distant d’un peu plus d’un kilomètre de son chef-lieu dans la direction du nord-est.
Un bon chemin communal y conduit. Les murs gris d’un vaste enclos, un couvert de vieux tilleuls, une maison sans caractère élevée d’un rez-de-chaussée seulement et enclavée dans les dépendances d’une ferme, voilà tout ce qui rappelle l’ancienne seigneurie de Jumeaux.
C’était autrefois un fief vassal du comté de Meslay-le-Vidame. En 1659 il appartenait à Me Nicolas de Beaufils. Il passa à Me Hector du Plessis de Saint-Hilaire, par suite d’alliance avec la maison de Beaufils et après avoir donné lieu à de longs procès entre Elisabeth de Perelle, veuve de Nicolas de Beaufils, et le seigneur de Saint-Hilaire.
Au moment de l’abolition de toutes les sei-gneuries, il appartenait à la famille de Meaussé.
Le comté de Meslay-le-Vidame, suzerain de Jumeaux, y possédait le droit de tabellio-nage, et les notaires de cette résidence employaient généralement la formule sui-vante en tête de leurs actes : « Pardevant le notaire de la châtellenie du comté de Meslay-le-Vidame, en la branche de Jumeaux y résidant. »
Les minutes des anciens notaires de Jumeaux sont actuellement dispersées dans plusieurs études de Châteaudun où j’ai pu me procurer copie du procès-verbal suivant : « Aujourd’hui lundi quatorzième jour de février 1718 est comparu devant nous Nicolas Fanuel, juge-lieutenant du comté de Meslay-le-Vidame, Mr Antoine Billard, receveur-fermier des droits seigneuriaux dudit comté, greffe et tabellionnés en dépen-dant, nous a remontré qu’il a affermé à Mr Claude Bourgery, praticien, demeurant à Molitard, le droit de tabellionné de ce comté au lieu de Jumeau, paroisse de Jallans, dont il luy a fait bail sous seing privé aux closes y portées, requérant qu’ayons à le recevoir en ladite charge et prendre de luy le serment au cas requis, en présence du procureur fiscal ; nous avons donné acte audit sieur Billard de ses remontrances et réquisitions et avons en présence du procureur fiscal receu et recevons ledit Bourgery en la charge de notaire de ce comté en la branche de Jumeau ; pourquoy avons dudit Bourgery pris le serment au cas requis et accoutumé, qui a promis de bien et fidellement s’aquit-ter de ladite charge de notaire tabellion, et d’observer les ordonnances royaux, conserver les droits des parties et de Monseigneur, et ont lesdits Bourgery, sieur Billard et procu-reur fiscal avec nous signé. »
Cet acte n’a pas besoin de commentaires. Sa simple lecture fait bien comprendre les formalités d’installation d’un notaire sei-gneurial au commencement du siècle der-nier et les conditions requises pour l’exercice du notariat à cette époque.
Il y a loin de la location du droit de tabellionnage par l’ancien notaire de seigneurie au droit de présentation, aux formalités et aux garanties de nos jours !
Evolution du nombre d’habitants :
En 1845 : 253 hab.
En 1855 :
Nombres des communes
et des Communes qui en dépendent |
Maisons | Ménages | Habitants | Distances
en mètres |
Jallans | 27 | 28 | 110 | |
Bordes (les) | 12 | 14 | 46 | 1,000 |
Jumeaux (les) | 22 | 23 | 87 | 1,000 |
Rochefort | 18 | 19 | 69 | 1,000 |
79 | 84 | 512 |
En 1880 : 370 hab.
En 1985 : 800 hab.
En 1990 : 776 hab. 271 maisons
On remarquera quelques différences dans l’orthographes des noms, en effet la plupart des noms de nos hameaux avaient appartenu plutôt à la langue parlée qu’à la langue écrite.